Lorsque nous nous sommes lancés, non sans appréhension, dans cette aventure, notre souci majeur était de rendre tout à la fois corps à une page de l’histoire de notre usine — au travers de la vie « vécue » de ses premiers artisans, les travailleurs — et, en même temps, de faire surgir la vérité — en quelque sorte collective — parmi les vérités individuelles conservées de nos anciens sur cette époque. L’entreprise, à coup sûr, n’était pas aisée, d’autant que les embûches allaient se révéler nombreuses. Parmi celles-ci, une de taille : le vide immense, quasi général, de textes, documents et photographies sur ces années dans le mouvement ouvrier. Et pour cause ! À côté de cela, il faut bien le dire pour le regretter, les portes des archives patronales sont demeurées désespérément closes, comme si, après quarante années d’obscurité, elles conservaient encore une puissance terrible, qu’il ne convenait pas d’exposer au grand jour... Le travail très important de Maurice Corbel est — de ce fait — d’autant plus méritoire. Nous voulions rendre hommage à tous ces travailleurs — anonymes et moins anonymes — de la « Grande Usine » de Saint-Fons qui, par leur courage, leur esprit de solidarité, leur abnégation totale, ont contribué — pour leur modeste part — à chasser l’Occupant, et à conquérir de nouveaux droits et de nouvelles libertés sur l’arbitraire patronal. Parmi ceux-ci, les Comités d’entreprise. Il était naturel que notre Comité d’établissement rendît témoignage de leurs actes.