Ouvrage complet 517 pages Édition 1897 « Les esprits humains ont le vertige du mystère. Le mystère est l'abîme qui attire sans cesse notre curiosité inquiète par ses formidables profondeurs. Le plus grand mystère de l'infini c'est l'existence de Celui pour qui seul tout est sans mystère. Comprenant l'infini qui est essentiellement incompréhensible, il est lui-même le mystère infini et éternellement insondable, c'est-à-dire qu'il est en toute apparence, .cet absurde par excellence, auquel croyait Tertullien. Nécessairement absurde, puisque la raison doit renoncer pour jamais à l'atteindre ; nécessairement croyable, puisque la science el la raison, loin de démontrer qu'il n'est pas, sont fatalement entraînées à laisser croire qu'il est et à l'adorer elles-mêmes les yeux fermés. C'est que cet absurde est la source infinie de la raison, la lumière ressort éternellement des ténèbres éternelles, la science, cette Babel de l'esprit, peut tordre et entasser ses spirales en montant toujours ; elle pourra faire osciller la terre, elle ne touchera jamais au ciel. Dieu, c'est ce que nous apprendrons éternellement à connaître. C'est par conséquent ce que nous ne saurons jamais. Le domaine du mystère est donc un champ ouvert aux conquêtes de l'intelligence. On peut y marcher avec audace, jamais on en amoindrira retendue, on changera seulement d'horizons. Tout savoir est le rêve de l'impossible, mais malheur à qui n'ose pas tout apprendre, el qui ne sait pas que pour savoir quelque chose il faut se résigner à étudier toujours ! On dit que pour bien apprendre il faut oublier plusieurs fois. Le monde a suivi celle méthode. Tout ce qui est en question de nos jours avait été résolu par des anciens ; antérieures à nos annales, leurs solutions écrites en hiéroglyphes n'avaient plus de sens pour nous ; un homme en a retrouvé la clef, il a ouvert les nécropoles de la science antique et il donne à son siècle tout un monde de théorèmes oubliés, de synthèses simples el sublimes comme la nature, rayonnant toujours de l'unité et se multipliant comme les nombres, avec des proportions si exactes que le connu démontre el révèle l'inconnu. Comprendre cette science c'est voir Dieu. L'auteur de ce livre, en terminant son ouvrage, pensera l'avoir démontré.