Nous connaissions un Bernard Faÿ historien : son Louis XVI, plus récemment un merveilleux Beaumarchais — et bientôt un Jean-Jacques Rousseau. Nous pensions tout connaître du talent privilégié de cet écrivain, or, aujourd’hui, c’est l’homme que nous découvrons : l’homme, seul devant la douleur et la vie. « Le monde moderne est une prison, dont l’État est le geôlier », déclare Pierre Gaxotte. Dès 1946, Bernard Faÿ le pensait et l’écrivait, comme on le verra par ces pages, qui marquent la révolte d’un homme libre et logique, contre un État qu’il juge dépourvu de prudence, comme de raison. On y trouvera encore le tableau de sa lutte, quand tout le reste lui a été ôté, pour sauver l’essentiel, cette réalité intérieure, son trésor indéfectible. En Bernard Faÿ, se sont toujours rencontrées l’âme des mystiques du douzième siècle, l’écriture souveraine des classiques, et la subtilité aiguë du dix-huitième. Ces dons n’ont jamais été plus sensibles que dans les textes ici rassemblés, d’une haute et exigeante qualité.