« Pour offrir au public l’ouvrage que je livre à sa bienveillance, je ne me suis point imposé un grand travail ; je n’ai fait que mettre en ordre des matériaux rassemblés depuis longtemps : c’est une occupation amusante, que j’avais réservée pour ma vieillesse. En considérant le plaisir de la table sous tous ses rapports, j’ai vu, de bonne heure, qu’il y avait là-dessus quelque chose de mieux à faire que des livres de cuisine, et qu’il y avait beaucoup à dire sur des fonctions si essentielles, si continues, et qui influent, d’une manière si directe, sur la santé, sur le bonheur, et même sur les affaires. Cette idée mère une fois arrêtée, tout le reste a coulé de source : j’ai regardé autour de moi, j’ai pris des notes ; et, souvent au milieu des festins les plus somptueux, le plaisir d’observer m’a sauvé des ennuis du conviviat. Ce n’est pas que, pour remplir la tâche que je me suis proposée, il n’ait fallu être physicien, chimiste, physiologue, et même un peu érudit. Mais ces études, je les avais faites sans la moindre prétention à être auteur ; j’étais poussé par une curiosité louable, par la crainte de rester en arrière de mon siècle, et par le désir de pouvoir causer, sans désavantage, avec les savants avec qui j’ai toujours aimé à me trouver. »