Le collaborateur infatigable du Maréchal Foch à la bataille de la Marne, à la mêlée des Flandres, à la bataille de la Somme, à la campagne de délivrance, à la discussion du traité de Versailles, l’homme du miracle de la Vistule, le pacificateur de la Syrie, l’ancien chef de l’armée, l’historien de Turenne, celui qui avait dénoncé le danger de la guerre prochaine, dans sa gloire indiscutée et à l’âge de la retraite — 73 ans — a été placé, un jour, devant une situation dramatique, désespérée, qui exigeait une intervention immédiate, une acceptation totale et sans réserve, pourtant Weygand n’avait-il pas droit au repos ? Déjà, il en était sorti pour accepter le commandement de l’armée d’Orient. Appelé le 17 mai 1940 par le président du Conseil des ministres, Paul Reynaud, il vola de Beyrouth à Paris. La carte des opérations lui fut montrée : c’était de nouveau l’avalanche allemande qui déferlait sur Paris, ou vers la mer, et menaçait de couper nos armées du Nord. Gravement, tranquillement il se contenta de répondre : « Je suis au service de la France ». Henry Bordeaux publie aujourd’hui les pages écrites entre le 15 mai et le 5 juin 1940, quand le général Weygand nommé au commandement en chef des armées alliées le 18 mai allait livrer la bataille décisive de la Somme et de l’Aisne pour défendre la France. Les grands événements avaient empêché qu’elles ne parussent. Mais elles trouveront leur place maintenant, au moment où l’on fête le quatre-vingt-dixième anniversaire de Weygand.