Johannes Vaccaeus fait partie de la génération d’humanistes qui s’employa à transmettre et faire assimiler en France, au début du XVIe siècle, l’héritage culturel italien. Né en Espagne, à Murcie, sans doute vers 1496, il vint étudier la logique, puis les Belles Lettres à Paris, au Collège de Montaigu, établissement plus «avant-gardiste» qu’on ne le croit généralement, sous la férule de François Dubois d’Amiens. Il devint à son tour maître ès Arts au Collège de Lisieux, et, répondant probablement aux incitations que Juan Luis Vives adressait à ses compatriotes, collabora avec le groupe de savants à tendances érasmiennes qui entourait l’imprimeur Josse Bade. En 1522, il dédie à Guillaume Budé la Sylva Parrhisia, un poème didactique en hexamètres qui expose la nature et les fonctions de la rhétorique, et contient un catalogue des hommes éloquents depuis les origines jusqu’à l’époque contemporaine. Ce poème très «moderne» est imité de la Silva Nutricia du grand humaniste florentin Ange Politien, dont Bade et ses amis Dubois et Nicolas Bérauld s’attachaient à importer l’œuvre en France. Le présent ouvrage procure une édition traduite et annotée de cette première rhétorique française vraiment humaniste du XVIe siècle, ainsi qu’une étude introductive qui tâche de reconstituer la vie et l’œuvre de Vaccaeus à Paris et d’analyser la façon dont l’auteur adapte au public parisien les grandes théories poétiques de Politien, dans une langue qui doit beaucoup à Virgile et à Stace.