Héritières de l’Académie de Platon et de la réflexion de Pétrarque sur le loisir lettré, cénacles d’érudits et d’artistes sous la protection de puissants mécènes, les premières académies italiennes et françaises constituent l’un des cadres privilégiés du renouveau philologique, artistique, philosophique et scientifique qui va transfigurer l’Europe de la Renaissance.
Les Académies dans l’Europe humaniste forment le premier ouvrage d’une telle envergure sur le sujet ; il pose un regard neuf sur le mouvement académique en Europe jusque vers 1600, notamment les premières académies italiennes (académie romaine de Pomponio Leto, académie napolitaine du Panhormite, puis de Pontano, académie florentine de Careggi, avec Marsile Ficin), les Académies royales françaises du règne des Valois (Académie de Poésie et de Musique, Académie du Palais) sans oublier d’autres organisations contemporaines moins connues. Des recherches documentaires présentent le personnel des divers groupes et les œuvres où s’expriment leurs idéaux. L’observation des rapports qu’elles entretiennent permet de définir la forme et les activités de chaque institution ainsi que la nature de leur contribution à l’extension des savoirs : enrichissement de la philologie classique, de la poétique, de la rhétorique, constitution de dictionnaires ou de répertoires linguistiques, archéologiques ou iconographiques, réflexion sur les arts à la lumière des traditions chrétienne ou néo-platonicienne, ambitions pédagogiques ; se dégage aussi le rôle majeur de la musique dans plusieurs académies. L’étude des liens matériels et idéologiques entre ces sociétés et les Grands (papes, rois, mécènes) donne enfin de mesurer la « liberté » dont jouissent les académies, particulièrement dans leur vocation encyclopédique et européenne.