Pourquoi si peu de noms de femmes dans notre histoire littéraire ? Au XIXe siècle, si des femmes peuvent écrire et publier, à l’instar de Laure Surville, sœur cadette de Balzac, elles se heurtent au poids des préjugés, des conventions sociales et littéraires. Pour comprendre leur situation, et la façon dont elles ont disparu de la mémoire culturelle, ou y ont été réduites à des seconds rôles et des caricatures, il faut s’attacher au personnage de la « femme auteur », vouée par son siècle à tous les ridicules, sinon à toutes les haines. Mauvais auteur et mauvaise femme, la femme auteur n’est pas une réalité sociale, c’est une invention, une construction fantasmatique qui incarne pour les contemporains ce qui les angoisse en une période de transformations accélérées, ce qui menace à leurs yeux l’ordre de la famille, de la société et de la culture. C’est sur cet horizon que George Sand, Marceline Desbordes-Valmore et bien d’autres dont les noms commencent à sortir de l’oubli ont dû inventer un rapport entre ces deux termes : être femme, et écrire. En 1989, ce livre était parmi les premiers en France à introduire le point de vue du genre culturelle. Le développement des études de pleinement cette nouvelle édition, qui propose dans une postface inédite de l’auteure à la fois un bilan et des perspectives de recherche.