Les paroles des prédicateurs transmises au prisme déformant des sermons modèles ou des prises de notes préservent quelque chose du processus de communication qui est leur raison d’être. Il faut pour le percevoir considérer l’ensemble du système de communication sociale auquel elles appartiennent. Comment, en effet, être écouté et se faire entendre des simples gens sans parler à l’unisson de la liturgie et des images, à la manière d’instruments de musique divers et concertants ? Comment les entretenir efficacement de Dieu, des anges et des saints, sinon par des figures qui parleront à leur imaginaire et en chargeant les mots du quotidien d’autres sens que leur sens immédiat ? Ces voies richement documentées ne doivent pas faire perdre de vue la question difficile mais cruciale de la réception effective. Puisque les mêmes repères culturels sont souvent partagés entre les prédicateurs et ceux qui les écoutent, l’adoption massive des représentations religieuses disséminées dans les sermons s’en trouve facilitée. Mais l’accueil du message est rarement dénué de réinterprétation.