Le récit d’imagination est presque absent d’une époque où le roman est devenu une analyse. Pourtant, autant que raconter une vie ou rapporter des faits, il lui est possible de construire une vérité autonome, d’être non un commentaire de la réalité, mais un Monde possible contemporain du nôtre, comme celui du Graal fut contemporain du Moyen Age et celui des pastorales contemporain de Louis XIII. Parmi les mondes possibles qui peuvent aujourd’hui voguer de conserve avec notre monde réel pour en recueillir les angoisses et les problèmes, le plus exaltant pourrait naître de cette imagination nouvelle et vertigineuse que nous offrent la science et les paradoxes de la pensée moderne. Il est piquant qu’un critique attentif comme R.M. ALBÉRÈS à toutes les formes du roman contemporain songe à le renouveler par un appel à l’imagination pure. Nous livrant ici, comme il le dit, des « exercices », Il construit des récits où il a cherché la netteté et le dépaysement d’un univers mythologique moderne. Sans cesser de faire vivre des êtres réels, l’auteur utilise des thèmes inspirés de la fiction scientifique pour découvrir des paradoxes historiques et humains. Si L’AUTRE PLANÈTE commence par un voyage en fusée, le conte confronte un homme d’aujourd’hui avec ceux qui sont nos contemporains invisibles. Les jeux de l’espace et du temps permettent, dans SI J’ÉTAIS A VARENNES..., à l’Histoire de s’interroger sur son sens et à un homme de se ménager une rencontre avec lui-même, tandis que, dans un style plus traditionnel, LE BAL DE LA LIGNE rappelle les contes d’Edgar Poe.