Tous les hommes politiques disent qu’il n’y a pas de garantie démocratique sans diffusion du pouvoir. Et pourtant ! Robert Escarpit dénonce l’impuissance mais aussi le silence de l’individu face aux discours des appareils politiques qui s’adressent aux “plus larges masses”. On continue dans nos pays à vendre de la politique comme des biens de consommation, alors qu’elle suppose que s’y investissent les consciences individuelles. Et si ce dévoiement du politique était la source de ce qu’on appelle un peu hâtivement la dépolitisation des Français ? Allant aux origines du politique, Robert Escarpit éclaire bien des questions que la polémique quotidienne obscurcit : réévaluer l’importance de ce qui se déroule à l’échelle du quartier, de l’entreprise, de la municipalité ; savoir prendre en compte le contenu d’un système politique par-delà les dénominations formelles, élucider ce besoin de pluralisme qui mûrit de par le monde, tels sont quelques-uns des objectifs de ce livre. L’auteur a voulu éviter les deux grandes mystifications du discours : le jargon et le “beau langage”. On a préféré ici la précision à l’élégance en même temps que la clarté à la technicité. Sans messianisme et sans catastrophisme, ce livre invite chacun à jouer un rôle dans la nécessaire recomposition du champ politique.