Pirandello avait écrit des contes pour chaque jour de l’année. C’était une grande ambition et il était de taille à y faire face. Plus humble, sinon plus modeste, je m’en suis tenu aux jours fériés. Certaines fêtes nous viennent des temps les plus obscurs de l’histoire ou même de la préhistoire, d’autres appartiennent à la mythologie de la religion dominante — chez nous le christianisme —, d’autres enfin ont été inscrites au calendrier comme une sacralisation des événements qui ont construit le destin de chaque peuple. Au siècle du fric, les fêtes sont naturellement devenues des affaires : fêtes des mères, fête des pères, fêtes des grands-mères, cela fait marcher le commerce. Ce sont autant d’occasions de vendre des jouets, des petits cadeaux, du muguet ou des cocardes. De toute façon, il y a une imposture derrière chaque fête. Parfois, elle est amusante, parfois tragique, parfois on rit, parfois on pleure. Ce sont ces impostures que j’ai voulu démasquer sans acrimonie, mais en suivant les fantaisies de mon imagination. Les divagations de l’esprit sont souvent plus lucides que les vérités officielles qui ne sont que de pieux mensonges. L’essentiel est de se souvenir et chacun a toujours le droit de se fabriquer une mémoire plus à la mesure de ses besoins et de ses désirs que les commémorations solennelles. C’est un plaisir comme un autre. Je vous y convie. Bonnes fêtes à tous. Robert Escarpit. Chaque conte est accompagné d’un dessin original de Pef.