Jean Grandmougin n’existe pas. Pour les Français qui se portent deux fois par jour à l’écoute de ses éditoriaux, il n’a pas d’opinion. On n’écoute pas Jean Grandmougin, mais l’art qu’il a d’exposer les idées des autres et le cours des événements. Que pense-t-il en son for intérieur ? Pour écrire Diagnostic de la France, Jean Grandmougin a rompu délibérément avec son personnage. Il a composé un livre, qu’il n’a pas voulu objectif, où il a tracé quelques croquis, d’une facture toute personnelle, sur l’état de la France, sa mentalité, son orientation. A grands traits il suggère le conflit de conscience des Français. Par contraste avec l’homme du micro, il joue de la satire, de la caricature. Son style devient caustique, ironique, cinglant. Jean Grandmougin écrit comme il ne parle surtout pas. Il laisse percer des appréhensions, des passions, une violence presque qui sont à l’opposé de sa gymnastique radiophonique quotidienne. Un homme apparaît derrière le masque impassible du célèbre éditorialiste, de Radio-Luxembourg.