« D’Un champ d’îles aux Indes, on peut dire qu’Édouard Glissant accomplit une parfaite synthèse entre la conscience révolutionnaire et l’exigence d’une poétique nouvelle. Que les rapports mutuels de respect et de reconnaissance entre les peuples soient niés, et les hommes resteront muets "comme un poème sans verger" ; qu’ils s’instaurent, et la lumière avancera "d’un pas terrible". Le Champ d’îles, ce sont les Antilles. Terre de contrastes : splendide et dédaignée, opulente et pauvre, fière et asservie... Tout un peuple ici se voit retranché de sa vérité profonde, comme si le vieux martyre de sa déportation l’avait établi pour jamais dans l’impossible. Avec les Indes, soudain, le poète élève la voix la plus puissante qu’on ait entendue depuis Saint-John Perse. Ces six chants, qui nous rapportent l’histoire de Colomb, dont chacun érige un monument, marquent une immense métamorphose du langage et de la pensée. Au-delà des géographies, les Indes figurent la poésie elle-même dans son éternel conflit avec le monde. Les Indes sont de rêve. Elles vivent en nos profondeurs, dans ce royaume noir que le verbe, comme le soleil, doit éclairer. » Jean Paris