À croire qu’on ne finira pas de sitôt de célébrer Mai 68. Il y a d’abord la singularité de ce mouvement essentiellement anti-autoritaire. Pour la première fois, on vit se manifester une force subversive créée par l’abondance et non plus par la misère, une force qui ne voulait plus mourir pour la révolution mais vivre grâce à elle, une force qui voulait changer la vie autant que le monde, mais qui refusait de compter sur la prise du pouvoir pour ce faire. Il y a ensuite l’héritage. Affaite d’une génération arrivée aux commandes depuis lors, Mai 68 apparaît désormais comme une révolution culturelle à long terme – bouleversant les mœurs, l’amour et la famille ; installant l’individu en majesté dans la sphère politique ; chahutant les hiérarchies et faisant triompher la notion d’autonomie jusque dans l’organisation industrielle de la production ; créant des rapports nouveaux à l’information, aux médias et à l’image. Cet ouvrage reprend des contributions parues dans la revue Le Débat.