Comment le diable est-il possible ? En 1632, la ville de Loudun est durement éprouvée par la peste. Les croyants se retirent, s'enterrent dans leurs petites communautés assiégées par cette épreuve de la colère divine. Parmi elles, les ursulines. La possession des sœurs prend alors le relais de la peste : les premières apparitions – fantôme d'un homme de dos – sont nocturnes, puis elles deviennent diurnes, se précisent, et revêtent la forme obsédante d'un curé, Urbain Grandier. L'affaire commence. Loudun, ville ouverte, devient le centre et le théâtre d'un monde : six mille spectateurs assisteront à la mort de Grandier, sur le bûcher, le 18 août 1634. Entre-temps, les pouvoirs s'affrontent, les savoirs s'inquiètent, l'âme catholique s'émeut. Le corps social se déchire ; partout le diable est là, mais il est partout ailleurs : dans le silence des textes, les lacunes du langage. Michel de Certeau montre, dans ce grand ouvrage, comment guérit une société malade d'elle-même.