"La poésie de Morven, c'est d'abord une poésie incarnée. Monologues, dialogues, chansons qui conservent toutes les inflexions de la voix humaine, le débit, la coupe de phrases, la tournure d'esprit vive et imagée des Bretons de Cornouaille, ces effusions brèves et ces violences brisées, ces sautes de passion et ces interpellations railleuses, tendres ou indignées : quelle intensité de vie et quelle bonhomie! On se croirait à l'aurore du XVIe siècle. Nous sommes en pleine pâte humaine, dans un réseau de cris, de cadences, de rythmes et d'images, qui enserre autant de petits drames d'un raccourci frémissant. Ce mariage du lyrisme et de la bonhomie s'est consommé très rarement dans les lettres françaises. Villon, La Fontaine, Verlaine, Apollinaire, font un bien petit troupeau. Quoique leur pair, Max Jacob, juif et breton, ne pouvait ressembler à aucun d'eux, mais rien ne les rapproche peut-être davantage que ce fond d'humeur très mystérieux dont Max eut pleine conscience : "La gaîté, surtout la triste, est le feu divin."" Julien Lanoë.