Un village - quelque part en France - comme il en existe tant d’autres. La vie s’y écoule lentement tel un fleuve qui se nommerait l’ennui. Pourtant, derrière les fenêtres et les regards, quels mondes se cachent ? Quels secrets se perpétuent entre les êtres ? Ici comme ailleurs, la chasse à l’homme - c’est-à-dire à l’autre - est ouverte de jour comme de nuit. On chercherait en vain dans le récit de Jean-Pierre Begot les situations ou les scènes destinées à faire frémir les voyeurs. L’angoisse naît du climat et une étrange moiteur envahit, page après page, le lecteur. Le texte pourrait vite devenir étouffant si l’auteur ne disposait d’un antidote dont il use avec une rare efficacité : l’humour. Jean-Pierre Begot ne nous donne pas le temps de nous installer dans une quelconque certitude. Alors que l’on croit avoir tout compris, d’une phrase acérée, il nous renvoie à nos doutes. Au-delà des idées exprimées dans ce livre, il y a le style d’un auteur qui, sans esbroufe, assène ses exigences douloureuses. « Sans les rêves le monde dormirait sur toutes ses oreilles », dit Jean-Pierre Begot qui écrit comme d’autres s’offrent à la mort.