En 1943, la « solution finale » est en marche. Depuis des mois, Madame Zlatin, une Polonaise, arrache des enfants juifs un à un au camp de Vichy. À Gurs, à Agde et à Rivesaltes, ils sont des milliers à croupir avec leurs parents dans un état de dénuement incroyable : nourriture insuffisante, baraques surpeuplées, paillasses pleines de vermine. Pour soustraire les enfants à cet enfermement, il est urgent de leur trouver des planques. La maison d’Izieu, dans l’Ain, les abrite et leur offre, pendant un temps, une paix et une sécurité précaires. Le 6 avril 1944, à l’initiative de Klaus Barbie, la Wehrmacht envahit cette colonie et déporte les 44 enfants et leurs 6 moniteurs. Ils sont conduits à Drancy, puis à Auschwitz. C’est l’histoire de ces enfants juifs, français, belges, allemands ou autrichiens qu’Antoine Spire retrace : avec l’auteur, nous leur tenons la main dans le train qui les mène vers l’horreur ; nous prêtons l’oreille à leurs jeux, à leurs rêves, à leurs projets d’avenir et, comme l’auteur, nous restons inconsolables. Mais ce livre n’est pas que le récit de cette odyssée des enfants juifs dans la France occupée. Antoine Spire a retrouvé les délateurs français qui ont vendu les enfants aux nazis et dénoncé la colonie d’Izieu ; il fait revivre l’atmosphère empoisonnée de ce petit village de l’Ain dans les années noires de 1943-1944. Izieu est-il le microcosme d’une France qui n’ose pas se regarder en face ? En posant cette question, l’auteur s’attache à prendre la mesure de l’intégration possible des Juifs dans la société française.