Les Athéniens avaient fait le vœu de sacrifier tous les ans autant d'animaux que d'ennemis tués si la déesse donnait au peuple la victoire. Ils se contentèrent de 500 chèvres qu'ils sacrifiaient chaque année à Artémis en exécution de ce vœu fait avant la bataille de Marathon. La chèvre et Artémis ? Ce couple symboliserait à lui seul une des raisons d'être de ce livre. Mises en regard, et chacune pour ce qu'elle est, elles figurent le concret et l'imaginaire, en miroir. De son côté, la chèvre, policée et sauvage, offre une voie, détournée peut-être, mais si adéquate, pour entrer en pensée, en matière et en territoires grecs. Ni d'ici, ni d'ailleurs. Ni de l'ager ni du saltus. Contiguë des deux mondes matériel et idéel. Celle qui boit le vent, respire par les oreilles et amplifie les messages du dieu est si proche du divin, et des fillettes ; si proche d'Artémis. Par les textes rassemblés ici, ce livre porte sur cette Grèce d'à côté un regard attentif, amoureux, autant que possible « compréhensif ». Ni la pensée, ni les actes, ni la matière ne sont étudiés pour eux-mêmes. Et, au-delà des thèmes traités (démographie, genre, corps, mythes, cultes, polythéisme, parenté), il n'est pas impossible que le lecteur perçoive des proximités singulières d'un thème à l'autre, surprenantes, voire étranges, d'autres sens que ceux que nos taxinomies habituelles cloisonnent.