Pendant très longtemps, les travaux historiques ont largement ignoré la dimension sonore des religions du monde ancien. Il est banal de dire que la musique était omniprésente dans les religions de l'Antiquité mais pourquoi était-elle, selon la formule de l'écrivain latin Censorinus « agréable aux dieux » ? D'Apollon à Dionysos en passant par Athéna et Cybèle, des spécialistes de la civilisation grecque et romaine entreprennent pour la première fois de faire « chanter les dieux ». Seize chercheurs nous livrent ici le résultat de leur enquête, revisitant certains textes que l'on croyait bien connus, interrogeant les inscriptions, explorant les arcanes de l'iconographie religieuse des vases attiques aux autels romains. On mesure alors les ramifications et la complexité des manifestations sonores des cultes publics grâce à l'étude des rapports du dieu musicien avec son instrument, du sens de la musique dans les rites (prière, sacrifices et processions), des formes du répertoire musical, de certains usages musicaux spécifiques (dans les mystères ou le ménadisme) et de la mise en perspective de ses acteurs, porteurs du sacré, dans l'exécution du rituel. On apprendra par exemple qu'Apollon utilise sa lyre comme un arc ; que la fable de Marsyas et de l'aulos, n'est pas, contrairement aux idées reçues, un témoignage du rejet de cet instrument ; que l'imagerie des vases attiques ne donne pas forcément la même image de la musique des dieux que celle de la littérature ; qu'à Rome, l'interruption de la musique du tibicen lors du sacrifice équivaut à l'annulation pure et simple de la cérémonie ou encore que les initiées du culte de Cybèle devaient « manger au tambourin et boire à la cymbale ». C'est donc à une véritable tentative de lecture musicale des religions antiques que le lecteur est ici convié.