Je ne puis plus souffrir qu'il y ait des hommes si sots que de croire que par leurs romans, leurs poësies, et leurs autres ouvrages inutiles, ils meritent d'estre au rang des beaux esprits ; il y a tant de qualitez à acquerir avant que d'en venir là, que quand ils seroient tous fondus ensemble, on n'en pourroit pas faire un personnage aussi parfait qu'ils se croyent estre chacun. D'ailleurs puis que toutes les belles choses ne sont pas bonnes, quand ils auroient l'esprit aussi beau comme ils pensent, ce n'est pas à dire qu'il eust cette marque de bonté qui consiste en prudence, et en force, et en la pratique des plus solides vertus qui sont seules dignes d'estre loüees