« - Tandis que, par ses accents, le chantre de Thrace entraîne sur ses pas les forêts, les bêtes féroces et les rochers émus, voici que, du haut d’une colline, les bacchantes furieuses, au sein couvert de sanglantes dépouilles, aperçoivent Orphée qui marie ses chants aux accords de sa lyre. Une d’elles, les cheveux épars et flottant dans les airs : « Le voilà, s’écrie-t-elle, le voilà, celui qui nous méprise » ; et elle frappe de son thyrse la bouche harmonieuse du prêtre d’Apollon. Le trait enveloppé de feuillage laisse sans blesser une empreinte légère. Une autre s’arme d’un caillou qui, lancé dans les airs, est vaincu par les accords de la lyre et des chants, et comme pour implorer le pardon d’une si criminelle audace, vient tomber suppliant aux pieds du poète. La fureur des Ménades s’en accroît : elles ne connaissent plus de bornes : l’aveugle Erinnys les possède ; les chants divins auraient émoussé tous leurs traits ; mais une horrible clameur s’élève, la flûte de Phrygie, les timbales, le bruit des mains frappées, les hurlements des bacchantes étouffent de leurs sons discordants les sons harmonieux de la lyre : alors seulement les rochers se teignirent du sang du chantre dont ils n’entendaient plus la voix. Les innombrables oiseaux, les serpents, les bêtes féroces qu’avait attirés la lyre, et qui semblaient être encore sous le charme de la voix d’Orphée, la troupe furieuse des Ménades les disperse. ».
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