De Sedan à Bagdad, les divers pacifismes français font l'objet de ce livre dans la mesure où ils signalent une position circonstanciée de refus de la guerre. Les attitudes d'hostilité à la participation aux conflits furent tributaires de la mutation de deux éléments conditionnant également les choix bellicistes : le nationalisme - attentif tout autant à la décadence qu'à la menace externe - et la révolution sociale - y compris sous sa version soviétisée -, deux passions entretenant avec le pacifisme une concurrente et tumultueuse liaison. La chute du Mur et la « dérive des continents » enregistrée entre Vieux Monde et Amérique n'ont, que partiellement altéré cette relation triangulaire.
Le choc du 11 septembre 2001 n'a pas davantage gommé les liens tissés par les idéaux de réduction de la violence avec la démocratie et les Droits de l'homme. Mais les passions démocratiques ne jouent pas de façon univoque sur la perception du danger de guerre. Ressort majeur de mobilisation, la peur elle-même est un oracle malaisément décryptable : elle peut aussi bien nourrir l'interventionnisme que la tentation du repli. Pourquoi mourir pour Strasbourg, Danzig ou Pristina et non à Grosny, Kigali ou Falloudja ? Dans tous les cas, les pacifistes savent, tout comme les partisans d'un engagement militaire, mobiliser les « valeurs » plutôt qu'évoquer les intérêts.
Yves Santamaria est agrégé d'Histoire-Géographie, docteur en Histoire et en Sociologie. Maître de conférences à l'IUFM des Pays de Loire et à l'IEP de Paris, il est notamment l'auteur de L'Enfant du malheur. Le PCF dans la « Lutte pour la paix », Seli Arslan, 2002.
La paix dictée. 1889-1914 : le crépuscule des dieux. 1914-1918 : la paix, le droit, la force. 1918-1933 : la paix inquiète. 1933-1939 : dépression et rémission. 1939-1947 : une drôle de guerre prolongée. 1947-1962 : une paix belliqueuse. 1962-1974 : la guerre par procuration. 1975-1989 : la fille aînée de l'Alliance ? 1989-2004 : vieille Europe, nouvelles menaces.