Que l’Empire napoléonien fut un temps marquant de l’histoire de l’Europe est une évidence admise. Sa nature, ses suites, et particulièrement son héritage européen, sont en revanche sujet à débat : l’Empire reste-t-il une première expérience de construction européenne ? Ou n’est-ce qu’une expérience de domination politique et militaire ? Dès le XIXe siècle, le débat se lit jusque dans les gravures et tableaux. D’un côté, l’empereur donne des lois communes aux nations de l’Europe (couverture) ; de l’autre, l’aigle impérial emporte dans ses serres un empereur pantin, au-dessus d’une Europe émiettée (page 4). Visions certainement trop univoques pour une histoire en recherche.
Cet ouvrage propose de revenir à l’expérience impériale elle-même, dans sa dimension européenne. En une trentaine de contributions portant sur différents territoires, il interroge à la fois les conceptions de l’Europe formulées dans l’entourage napoléonien ou par le tsar d’Alexandre Ier et les pratiques concrètes des administrateurs, des militaires ou des populations, dans des domaines comme les langues, la monnaie, la guerre, la justice, etc.
Le parcours invite à un diagnostic nuancé, à inscrire dans une histoire de l’Europe qui doit faire davantage place à la vie de ses peuples.