" J'aurais pu être un très bon journaliste si j'avais été plus rapide à réagir sur l'événement. Je passe trop de temps à réfléchir à ce que je fais. A mon avis, pour devenir un bon journaliste, il aurait fallu que je me laisse aller et ue j'accepte de croire que ce qu'on pissait comme copie tous les jours était la vérité. Je serais allé déjeuner avec mes collègues dans des restaurants qu'on se serait fait rembourser par la boîte. On aurait parlé de la vie politique de ce pays et des actualités télévisées. Si j'avais été plus véloce à donner mon grain de sel sur l'état du monde, je me serais sans doute fait embaucher à la télévision. Je serais passé dans une émission du dimanche soir. Celle que regarde ma mère. Elle aurait été heureuse le lendemain, en allant au pain, d'en parler à ses copines:
_ Dis, t'as vu mon fils hier à la télé? Pas mal, hein? "
Ecrivain, ancien journaliste à Libération, Denis Robert est l'auteur de deux romans, Chair Mathilde (Bernard Barrault, 1991), Je ferai un malheur (Fayard, 1995) et de trois livres chez Stock, Pendant les " Affaires ", les affaires continuent... (1996), La justice ou le chaos (1996) et Portrait de groupe avant démolition (1997).