La publication des seize volumes du Séminaire d’Alain Badiou constitue un événement. Non seulement parce que, depuis 1966, la renommée du Séminaire n’est plus à démontrer, mais aussi parce qu’il est le laboratoire de la pensée du philosophe ; c’est dans ce cadre qu’Alain Badiou teste ses idées, les nourrit, les affute. Ces presque cinquante années de libre parole sont enfin et surtout un moyen d’accès privilégié pour les non-spécialistes à l’histoire de la philosophie et à ses grandes figures tant le ton est vivant et le propos limpide. En 1986, Alain Badiou consacre son enseignement à Malebranche (1638-1715). A priori, nul penseur plus éloigné de nous, aussi bien dans ses visées de philosophe, qui, dans le contexte du rationalisme de Descartes, se propose de donner une armature scientifique au christianisme, que dans son militantisme d’ecclésiastique. Pourtant, nul besoin d’être un théologien ou un homme du Grand Siècle pour comprendre Malebranche et être touché par la sincérité de son entreprise, la souplesse de son style. Guidés par Alain Badiou, on découvre un penseur étonnant.