Un an après avoir reçu le prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus présente sa vision d’un nouveau modèle économique associant le libre fonctionnement du marché à la recherche d’un monde plus humain. La domination sans partage exercée par le libéralisme économique depuis deux décennies a certes autorisé un accroissement significatif du bien-être d’une large partie de la population mondiale. Mais la recherche exclusive du profit placée à sa racine ne lui permet pas d’apporter de solution au creusement des inégalités et à la persistance de la pauvreté.
S’appuyant sur le succès de la « révolution du microcrédit » qu’il initia au Bangladesh voilà trente ans en créant la Grameen Bank, le
« banquier des pauvres » propose de créer des entreprises d’un type nouveau. Financées par des investisseurs qui renonceraient explicitement à toutes formes de profits, ces « entreprises à vocation sociale » fourniraient aux populations des biens et des services à des prix inférieurs à ceux pratiqués par les entreprises mues par la recherche de bénéfices. En agissant de la sorte, elles contribueraient à faire reculer la pauvreté. Au fil des nombreux exemples d’entreprises à vocation sociale qu’il évoque – en particulier son association avec Danone – Muhammad Yunus montre que ce nouveau modèle économique peut être appliqué dans le monde entier. En poursuivant l’œuvre entamée au moyen de la diffusion du microcrédit, l’auteur espère continuer à placer les talents qui sommeillent en chaque individu au service d’un objectif : l’éradication de la pauvreté.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Béatrice Merle d'Aubigné et Annick Steta