Edition enrichie (Préface, notes, variante, commentaires sur l'oeuvre, chronologie et bibliographie)
Après s'être engagé dans l'état ecclésiastique sans autre vocation que son ambition, l'abbé de Rancé consacre sa vie aux festins et aux divertissements. Puis, un jour d'avril 1657, sa maîtresse meurt. Six ans plus tard, il décide d'entrer à la Trappe - et longtemps après, selon la légende, on montrait encore la tête même de Mme de Montbazon que l'abbé avait emportée avec lui après l'avoir trouvée, sanglante, à côté de son cercueil.
Cette Vie de Rancé que Chateaubriand fait paraître en 1844, il l'a écrite comme une pénitence imposée par son directeur de conscience. Une biographie ? Sans doute, mais elliptique et lacunaire, digressive et souvent désinvolte, où l'écrivain, volontiers, entrecroise sa vie à celle même de l'abbé. Mais dans ce livre de l'extrême vieillesse, ce qui nous touche sans doute le plus, c'est cette langue admirable qui « enfonce vers l'avenir, nous dit Julien Gracq, une pointe plus mystérieuse » que celle des Mémoires d'outre-tombe : « Ses messages en morse, saccadés, déphasés, qui coupent la narration tout à trac comme s'ils étaient captés d'une autre planète, bégayent déjà des nouvelles de la contrée où va s'installer Rimbaud. »
Edition de Nicolas Perot