Ils vivaient à Milan. Jeunes, révoltés, marginaux, ces jeunes hommes n’avaient pas d’autre projet politique que la « vengeance prolétaire ». En quatorze mois, entre avril 1978 et juin 1979, ils ont exécuté quatre personnes et fait quatre blessés graves. Ces vengeurs ont pour la plupart purgé leurs peines, à l’exception de quelques-uns.
Après son incarcération en France, puis sa fuite en 2004, Cesare Battisti – condamné à perpétuité – a finalement obtenu l’asile politique au Brésil, en 2011. Ce coupable parmi d’autres est devenu l’exemple du coupable.
Malgré les remous suscités par l’affaire, le dossier judiciaire est resté confidentiel. Ce livre retrace l’histoire, criminelle tout autant que politique, de ces « Prolétaires armés », et celle de leur procès. Repentis, « dissociés », ou simples condamnés, leur mémoire reste, bien loin des légendes romantiques, marquée par le plomb, la mort et la culpabilité.
L’irruption de la « doctrine Mitterrand » dans l’affaire est un autre secret. Cette politique d’accueil des réfugiés des années de plomb a été discrétionnaire, et inégalitaire. Certains fugitifs, auteurs directs d’attentats, ont été refoulés secrètement, quand d’autres étaient admis au séjour par la justice. Pour des raisons plus politiques qu’humanitaires. Aujourd’hui, les États européens sont unis dans l’action antiterroriste. Et les soldats perdus du communisme ne passent plus pour des héros. C’est pour cela peut être que Cesare Battisti plaide l’innocence.