Vers la fin du xvie siècle, lorsque la reine Élisabeth perçoit que la puissance de l’Angleterre devra nécessairement s’appuyer sur la maîtrise des mers, les Anglais prennent le large pour de nouveaux horizons. L’objectif principal de cet ouvrage collectif est d’étudier les modalités des premières rencontres dans les « zones de contact », lieux incertains où le même et l’autre sont jetés ensemble sur une scène à partager. Se dessine un espace intersubjectif non entièrement déterminé, où se mettent en place, s’inventent, s’ajustent, se négocient les modalités, linguistiques et pragmatiques, cognitives et herméneutiques, d’une expérience de l’Autre. On a voulu analyser en même temps dans quelle mesure l’identité anglaise, individuelle et collective, s’était nourrie de ces mises en contexte, tout en se construisant dans des récits particuliers. De la violence impérialiste au descriptif ethnographique, de la nostalgie de la transparence originelle à la revendication joyeuse de l’hybridation ou à la méditation métatextuelle, de Drake à Chatwin, combien d’utopies et de mirages, combien de scénarios fantasmatiques, combien de mises en scène de soi, pour satisfaire toujours à nouveau le désir de voir l’invu et de dire l’inouï ?