À la frontière entre l’être et le monde, entre une société qui édicte des lois écrites ou implicites et un individu qui les interprète en fonction du temps et du contexte de leur mise en œuvre, l’intime repose sur des codes partagés dont l’interprétation est chaque fois singulière. L’opposition entre espace public et privé ne suffit pas à définir la sphère de l’intime, puisque selon l’âge, le sexe, l’éducation, et plus globalement la culture à laquelle on appartient, les limites tracées varient amplement selon des codes souvent perçus comme des évidences pour les membres d’une communauté donnée. Personnel dans ce qu’il y a de plus profond pour l’être, l’intime s’apparente à un domaine individuel que chacun ouvre à l’autre par degrés. Dans Regards sur l’intime en Irlande, les analyses portent sur la tension entre les masques constitutifs de l’intimité et l’exposition de l’intime, sa négation ou son questionnement dans diverses composantes de la vie irlandaise. Il s’agit non seulement d’interroger l’intime en Irlande, mais aussi d’évaluer comment les intimités irlandaises se sont exprimées, tant dans le domaine des arts que dans la sphère sociale où s’est posée de façon parfois très aiguë la question des frontières de l’intime.