Cet ouvrage retrace l’histoire méconnue de deux grandes entreprises parisiennes de l’ameublement : les Galeries Barbès et les Établissements Lévitan. Fondées par des Juifs fuyant les pogroms russes des années 1880, ils s’installent à Paris au pied de la butte Montmartre. Les familles Gross, Bleustein et Lévitan se croisent, prospèrent et développent, du boulevard Barbès au boulevard Magenta, de véritables grands magasins parisiens du meuble et de la décoration. Jusqu’à la fin des années 1930, l’essor rapide des deux firmes se conjugue avec un usage considérable de la publicité, auquel participe le cousin Marcel Bleustein en développant notamment les slogans radiophoniques. La Seconde Guerre mondiale interrompt brutalement cet élan, les deux firmes, désignées comme juives par l’Occupant et le régime de Vichy, sont soumises au processus dit d’aryanisation. Elles sont également victimes des jalousies, mêlées d’antisémitisme, que leur succès rapide a suscitées dans une partie de la corporation du meuble, aboutissant à un démantèlement et à une fermeture. Par-delà leur résurgence après 1945, les années qui suivent apparaissent comme celles d’un lent déclin, aboutissant à leur disparition au début des années 1980. Cette traversée du siècle des Galeries Barbès et des Établissements Lévitan offre également la possibilité, au-delà de la destinée des hommes, de suivre les évolutions d’un produit, d’un marché et des techniques de vente dans une période qui voit s’épanouir à travers le meuble une société de consommation.