Le but que se pose l’État bourgeois c’est de transformer l’école en un instrument servant à affermir la domination bourgeoise. Quel but se pose donc l’État prolétarien ? Si on est tenté de répondre “en faire un instrument de domination prolétarienne”, c’est que la question est mal posée. Ce n’est pas pour transformer la classe ouvrière en classe privilégiée que le prolétariat a pris le pouvoir. C’est pour détruire la domination de classe. Son œuvre scolaire doit correspondre à l’action prolétarienne en général. Il faut former une génération qui pourra réaliser l’idéal prolétarien
On la décrit souvent comme la fidèle et sage compagne de Lénine. Pourtant, Nina Kroupskaïa est aussi l’artisane de la plus importante réforme du système éducatif de l’URSS. Cette révolutionnaire de la première heure, fille de la petite noblesse de St Petersbourg et convertie au marxisme dès la fin du XIXe siècle, a fait de la pédagogie en temps de révolution son cheval de bataille. S’inspirant des plus grands pédagogues comme Tolstoï, Dewey, Rousseau ou Pestalozzi, elle s’attache, une fois au pouvoir, à passer de la théorie à la pratique en organisant la scolarisation de tous les enfants et en se lançant dans une vaste campagne d’alphabétisation. Elle n’a cessé de consigner par écrit, ses constats et réflexions sur le sujet ; très peu ont été traduits en français.
Associées à un immense projet d’éducation populaire, ses réformes interrogent l’articulation entre la valorisation du travail ouvrier et le développement d’une conscience révolutionnaire. L’autrice pose en filigrane des questions toujours d’actualité : comment organiser sans endoctriner ? Quelle place pour la jeunesse dans le projet révolutionnaire ?