En suivant le quotidien d’Hannah, jeune itinérante de Toronto qui rêve de bord de mer alors qu’elle dérive de rue en rue, puis le tangage de Carol qui accouchera dans une ruelle putride, et enfin le va-et-vient de quatre prostituées dans l’après-force de l’âge qui partagent logis, malheurs, vieux clients et petits bonheurs de l’art brut, le roman traverse les jours et les nuits de femmes libres et sans compromis. Mais à force de voir leurs lignes de vie croiser une détresse masculine sans rémission et qui s’ajoute à leur propre déroute, on se demande si la monstruosité qui les habite tous n’est pas la ville elle-même, jamais bleue et toujours grise, incapable de guérir sa propre marginalité citoyenne.