Le terme paranoïa a envahi depuis des mois les commentaires suscités par la guerre en Ukraine. Il fait en effet partie des qualificatifs psychopathologiques passés dans le langage courant pour désigner certains comportements agressifs extrêmes. Mais est-il vraiment justifié ? Que met-on exactement sous ce terme ? Et surtout, en quoi peut-il éclairer les situations de ce type et faciliter la réflexion ?
Ces questions nous obligent à réinterroger une entité clinique qui fait partie du vocabulaire psychopathologie le plus classique.
Il faut en rappeler la signification si l’on veut l’utiliser en connaissance de cause. Il existe en effet une différence essentielle entre la tendance paranoïaque présente en tout sujet humain, et la folie au sens propre du terme. Et il existe une différence encore plus marquée entre la folie exaltée, passionnelle, et la folie destructrice, sans limites, surtout quand elle se heurte à un obstacle considéré comme invincible.