Au large de l'île où vit béatement Supermurgeman, sur le Potemkine 2, un commando néo-bolchevik fomente un coup d'état avec l'aide d'un sorcier indigène, chargé de ressusciter Che Guevara. Pendant ce temps, les dirigeants de la SOFROCO CEDEC font élire un tyran communiste pour pouvoir le déboulonner et privatiser à mort ; le Pr Tannenbaum invente un sérum spécial pour réparer Youki le cafard ; Roberto Pinheiro 002 et Roberto Pinheiro 003, des services secrets portugais, voient échouer l'opération Ragondin (dix ans de boulot), et le petit Nourredine fait tout exploser. Supermurgeman, lui, reste droit dans ses bottes. Formidable idée que d'imaginer le retour d'un communisme féroce sur cette île très éloignée du concept de lutte des classes — et d'ailleurs très éloignée de tout concept, vu que son super héros (justicier de la jungle inspiré du Fantôme du Bengale, invincible et vêtu d'un slip en panthère rose) est un crétin fini. Ça nous donne, sur un scénario extrêmement riche que l'auteur boucle en virtuose, la fiction politico-exotique la plus réjouissante qui soit. Le tout finement dialogué, et dessiné avec cette parfaite naïveté qui fait le charme de la série. Comme disait Libération à propos du premier tome, "c'est le grand n'importe quoi à coeur joie".