Un nouvel éclairage sur Durkheim et son apport à la socioanthropologie, ses influences, son héritage.
Et si Durkheim n'était pas seulement ce chercheur lancé à corps perdu dans l'explication des fonctions sociales et des contraintes générées par le système ? S'inspirant de ses illustres prédécesseurs et à l'aide de ses compagnons de route, il précisa les contours d'une discipline qui transcenderait la sociologie elle-même, la socioanthropologie, et en fonda ainsi l'École française.
Salvador Juan nous fait découvrir au fil des pages un Durkheim critique des effets pervers du développement économique, défendant l'unité du genre humain, attentif aux dynamiques historiques et aux conflits, soucieux de l'autonomie des personnes. Sont également présentés les principaux travaux, soulignant tant les influences mutuelles que la pensée commune, philosophique et politique, des nombreux collaborateurs de Durkheim tels que – aux côtés de Mauss – Hertz, Fauconnet, Hubert, Bouglé, Simiand, Halbwachs, etc. Enfin, l'auteur considère, avec de nombreux exemples à l'appui, que ce groupe de penseurs est opposé aux sociologies de l'intérêt et à celles qui insisteront plus tard sur les fonctions et les structures sociales.
Cet ouvrage permet de découvrir la tradition sociologique française ainsi que la manière dont des auteurs tels que Gurvitch, Duvignaud, Bastide, Leroi-Gourhan, Lefebvre, Ansart et, surtout Balandier, l'ont portée jusqu'à nos jours. Les spécialistes des sciences humaines y trouveront une troisième voie entre l'individualisme rationaliste et les représentations d'une société uniquement conduite par ses mécanismes, sans acteurs.