Soigner est une variation du verbe aimer. Il faut aimer nos patients. On espère d’un chirurgien qu’il opère bien. Jusqu’à ce qu’un robot le remplace. Du psychiatre, on attend savoir et écoute. Une machine peut prescrire des pilules mieux que lui, mais ne peut aimer mieux que lui. La médecine exige techniques et connaissances, mais cela ne suffit pas, particulièrement en psychiatrie, où la relation est le cœur et le nœud. Nous sommes encore des humains. Le poète Jean Désy dit dans sa préface: «Sans amour pour l’autre, pas de soin véritable». Et quand Ouanessa Younsi parle de soin, bien sûr, elle considère l’être tout entier, le soma et la psyché réunis, donc l’âme. C’est probablement pourquoi elle écrit : « Face aux désordres de l’âme, j’ai l’intuition qu’il faut plus d’âme encore ». Ce qui fait que les textes de Soigner, aimer sont eux-mêmes remplis d’âme, l’autrice y dévoilant avec une langue toute poétique certains traits des âmes les plus souffrantes qu’elle a croisées.