Un jour d’octobre 1881, débarque à Paris un jeune homme bizarre, grand de taille, blond à l’exagération, avec un crâne de mathématicien, des yeux enfoncés dans la tête, une bouche malicieuse, un accent indéfinissable... C’est Jules Renard, 17 ans, venant assouvir la revanche d’un autre lui-même : le malheureux Poil de Carotte, enfin arraché à l’emprise de la famille Lepic, et se lançant à la conquête de la capitale. Serge Zeyons lui emboîte le pas et suit toutes les péripéties pittoresques de sa vie ; il lit, par-dessus son épaule, ses poèmes d’adolescent et le rejoint enfin à Chitry-les-Mines, où Jules Renard, écrivain enfin consacré, membre de l’Académie Goncourt, chevalier de la Légion d’honneur, se repose avec Marinette, son épouse, des mondanités citadines, se fait élire maire de son village, écrit ses meilleures pages, et voit disparaître tragiquement M. et Mme Lepic. Jamais Jules Renard, écrivain racé et inquiet, humoriste redoutable, homme de théâtre sans cesse tendu vers la perfection du style et la sobriété de la phrase, mais aussi républicain convaincu, dreyfusard et socialiste à sa façon, n’avait été raconté de cette manière. Il fut l’ami de Jean Jaurès, Léon Blum, Lucien Guitry, Marcel Schwob, Lucien Descaves, Octave Mirbeau, Edmond Rostand, Tristan Bernard, Courteline. Il connut Alphonse Daudet, Toulouse-Lautrec, Rodin, Verlaine, Alphonse Allais. À travers lui et son œuvre, nous est révélée la photographie d’une époque charnière et passionnante.