Au faîte de la Belle Époque, Boni de Castellane brille d’un éclat indiscuté. Un incomparable talent de metteur en scène fait de lui le magicien de Paris dans son Palais rose, théâtre des festivités et lieu de convergence de l’élégance et de la beauté. L’hôte de ce palais, riche de son tapageur mariage avec Anna Gould, et qui connût les illusions de la magnificence, sait garder - lorsque viennent les revers - la dignité et le silence d’un exemplaire effacement. Aux deux versants de sa vie, il sût s’adapter. Moins connu est l’homme politique, dont la clairvoyance fut égale au goût du collectionneur. Cette évocation d’un univers disparu, qui fut celui de Marcel Proust, vaut par son caractère de témoignage authentique. C’est l’amabilité d’un des descendants directs de cette illustre famille qui, par les souvenirs et les documents qu’il nous a communiqués, a permis cette résurrection. Cet ouvrage est exceptionnel également dans la mesure où il nous permet de découvrir la réalité et les opinions véritables d’un des principaux héros de l’auteur de « À la recherche du temps perdu ». Pierre Grenaud et Gatien Marcailhou sont liés par la même passion pour l’histoire de la Belle Époque et par des goûts littéraires communs. Pierre Grenaud est un familier de « L’Algérie littéraire », que l’Académie française couronna ; Gatien Marcailhou d’Ameyric, auteur des « Sahariennes magies », hispanisant à ses heures, est l’arrière-petit-neveu du compositeur du même nom, créateur de la valse romantique française au Second Empire. Ces deux auteurs sont particulièrement qualifiés pour faire revivre la Belle Époque et son prestigieux animateur qui, au soir de sa vie, déclarait : « Je ne me suis pas ennuyé. »
