Le portrait littéraire, qui fut longtemps l’une des illustrations les plus pures et les plus frappantes du génie français, est un art qui pouvait sembler disparu en une époque où l’on paraît généralement plus soucieux de s’inventorier le nombril, que de saisir les traits véritables de ses contemporains. C’est donc, une fois de plus, à contre-courant, dans l’aristocratique mépris des modes et des préjugés, que Michel Perrin a tracé ces « profils perdus », où la pointilleuse élégance du style vient mettre en relief la vérité du propos, mais où la lucidité n’exclut jamais la tendresse. Le propre de l’écrivain de qualité est de mettre en scène - avec un égal bonheur et une égale justice - inconnus grandioses et célébrités consacrées. Qu’il nous parle d’Alexandre Vialatte ou de la charmante Mlle Véniel - « comme le péché » - de l’externat Saint-Maurille d’Angers, qu’il nous raconte Max Jacob ou son « grand-père Empire », qu’il célèbre Francis Picabia ou M. Mathé, professeur de gymnastique, Michel Perrin nous captive et nous charme avec la même aisance.