Ce dossier entreprend une réflexion sur les logiques culturelles, sociales, historiques du mauvais sort à l’œuvre dans le récit du XIXe siècle. Série d’embarras qui jettent dans la misère, malchance qui s’acharne, écarts à la coutume qui attisent l’adversité, réactivation des fautes familiales forment, bien souvent, la trame narrative du récit de malheur : celui-ci narre en effet les coups du destin et la dégradation du héros dans une société dont les valeurs politiques, culturelles, familiales sont en transition. S’y développent des cosmologies qui ne comprennent ni le bonheur ni le malheur de la même façon. C’est pourquoi les articles ici rassemblés examinent les multiples systèmes symboliques d’interprétation et de détection de l’infortune qui structurent le récit moderne, en faisant l’hypothèse que le malheur répétitif y sanctionne les ratés de la coutume et les failles dans le vivre-ensemble. Qu’est-ce qui porte malheur ? Qui est frappé par le sort funeste (et qui ne l’est pas) ? Comment le malheur s’annonce-t-il ? Peut-il être évité ? Est-il intégralement narré ou raconté ? La dynamique narrative repose-t-elle sur l’exploration de parcours de vies déviées et malheureuses ? Ce dossier propose une variété de réponses à ces questions en étudiant, dans certaines œuvres de Balzac, Sand, Mérimée, Stendhal et Zola, les formes plurielles du malheur (maléfice, hasard, vengeance, viol, handicap sexuel et social, mort, vicissitude conjugale, nouage de l’aiguillette) et ses particularités textuelles.