Août 1914, vallée mosane. Jean-Baptiste, quatorze ans, échappe par miracle à la fureur meurtrière d’une unité allemande emmenée par un officier de cavalerie dont la beauté rivalise avec la brutalité. Profondément choqué, l’adolescent est confié aux soins d’un jeune neurologue parisien disciple de Charcot et de Freud. Il y forge, jour après jour, un implacable projet de représailles. C’était sans compter avec un singulier duo de belles-sœurs qui font irruption dans sa vie.
Octobre 2027, vallée mosane. Alors que le monde culbute dans le chaos postmoderne, Anselmo, le prieur de l’abbaye Laus Perennis, découvre chez sa compagne Cécile des signes troublants de divination. Le déluge qu’elle pressent relève-t-il de la colère divine ou, plus prosaïquement, du dérèglement climatique ?
Au fil d’un récit polymorphe aux accents de réalisme magique, Bernard Antoine fait entrer en résonance l’étourderie coupable des années trente à Berlin (qui enfanteront la tragédie nazie) et une modernité minée par l’anxiété climatique, les questionnements religieux et la hantise du déclin. Aquam, qui se joue avec bonheur des méandres de l’évidence et de l’Histoire, nous rappelle que « le temps est innocent des maux qu’on lui attribue » (Denis Heudré).