Si l’homme peut résister à la maladie, se montrer fort devant l’adversité, il supporte plus difficilement les douleurs d’entrailles, qui fragilisent et réduisent sa fierté. L’individu est faible face à ces atteintes insupportables. Imaginons Bonaparte au Pont d’Arcole, en proie à la colique. Le pape bénissant la foule dans sa soutane souillée…
Paria ou puissant, qui n’a jamais eu les boyaux noués ? Lors de telles attaques, il y a presque égalité entre l’un et l’autre. Avec l’humiliation en supplément pour le second. Une certitude : pour les concentrationnaires enfermés dans les camps nazis, la diarrhée pouvait signifier la mort, lors des terribles séances d’appel dans le froid du matin.
Il est toujours possible de contenir la peur ordinaire. Autre chose est d’accepter la contrainte. Le chagrin, c’est surtout de devoir vivre dans un pays où l’on compte plus de policiers que d’assistantes sociales. D’où une colère salutaire face à une société anesthésiée, tout acquise à cette idéologie sécuritaire permettant la remise en cause des droits de l’homme les plus naturels.