Tout à la fois roman, essai, dialogue philosophique, ouvrage intime et " sorte de poème épique sur la désillusion " selon Vigny, Stello (1832) est une œuvre composite et inclassable, mettant en scène le Docteur noir et Stello, son patient, enclin au spleen et à la neurasthénie. Alors que le premier, " médecin des âmes ", incarne la froideur calculatrice de la raison et l'attachement au réel, le second, figure du poète romantique, symbolise la puissance prophétique de la poésie animée par les élans du cœur et de l'imagination. Préfigurant la vision baudelairienne de la condition du poète, cette œuvre, au XXe siècle, fut saluée par le surréaliste André Breton, qui écrivait : " De la lecture de Stello dans ma jeunesse, la mémoire affective qui seule surnage persiste à me faire valoir, spécifiquement, un sentiment tragique et distant de la vie, dont je vois mal comment on pourrait contester la noblesse. "