La tradition veut que les juifs d’Afrique du Nord, comme tous ceux de la diaspora, descendent des juifs de Judée exilés après la destruction du temple de Jérusalem en 70 ap. J.C. Le livre de Julien Cohen-Lacassagne bouleverse cette idée reçue : ce n’est pas un peuple en errance qui a traversé les mers, mais une idée, animée d’une puissante dynamique missionnaire : celle du monothéisme. C’est dans les bagages des Phéniciens que le judaïsme a gagné Carthage, avant d’être adopté par des tribus berbères et de s’étendre dans l’arrière-pays. Résistant à l’expansion chrétienne, puis à celle de l’Islam, ces Maghrébins juifs ont marqué durablement les sociétés nord-africaines et contribué à une authentique civilisation judéo-musulmane partageant une langue, une culture et un même substrat religieux. La colonisation a bouleversé cet héritage, que Cohen-Lacassagne restitue brillamment contre « la tentation d’écrire une histoire juive isolée de celle du reste du monde ».