...Toujours être sûr sans jamais vraiment l’être : il s’agit d’une subtilité rare, comme toutes les pages de ce livre. Ainsi va Multiplicités qui dénonce les énormes malentendus de l’être, qui énonce les sources où il faut savoir boire. Allez-y sans contrainte, vous vous y retrouverez. Je défie quiconque de m’apporter la preuve du contraire. Multiplicités nous parle du fond, de ce fond qu’on laisse à la porte, de ce fond qu’on nous fait oublier... raison d’État. L’État, parlons-en, quand ça dérange, il enferme. Enfin l’on se croit tout permis ici, faudrait voir à savoir d’abord de quoi ça ressort. Hé petit ! pardon, Monsieur le Juge, tu te prends pour qui dans ton bureau chêne ciré — tout brille — ça cuir tranquille — je digère... Lorsqu’on enferme, c’est qu’il y a ouverture. Lorsqu’il y a ouverture, il y a vie. Au Coral, on dit oui à la vie, non à la mort. Au Coral, on dit oui au soleil, non au désert. Au Coral, on dit oui à la caresse, non aux coups. Au Coral, on dit oui à l’amour, non à la haine. Ce sont d’excellentes raisons pour enfermer. Dans le système de l’enfermement, n’est enfermé que celui qui le commande, cet enfermement. Je ne voudrais pas être lyrique mais quand même, face à toute cette brutalité, il y a un grain qui lève. Enfin, allez savoir « Dépoitraillez-vous, hommes, s’il en reste », comme le dit si bien ce cher Léo.