Cette alternative résume bien l’ambivalence des relations franco-soviétiques de 1958 à 1964. Dans le cadre de l’affrontement Est-Ouest, leur nature réside dans la combinaison inédite entre une logique de guerre et une logique de paix. Théâtre d’opérations mais aussi champ d’expérimentations de la détente, les relations entre Paris et Moscou offrent, avec le recul, un terrain d’observation privilégié des différentes formes que la guerre froide a pu revêtir. C’est pourquoi cet ouvrage propose une approche globale alimentée par l’ambition d’une histoire totale. Trois niveaux d’analyse distincts sont reliés chronologiquement. Au traditionnel niveau politico-diplomatique d’échanges entre Etats, s’ajoutent un niveau intermédiaire d’échanges entre sociétés et un niveau individuel d’échanges entre personnes. Fondé sur une recherche dans des fonds très variés, en France comme en Russie, complétée par des entretiens avec les acteurs, cet ouvrage construit un modèle de la relation bilatérale. Il relie la grande politique (Khrouchtchev, de Gaulle...) à la politique intérieure (Parti communiste français, association France-URSS...), à des questions économiques (contrôle des exportations, expositions...), culturelles (échanges universitaires, influences croisées...), de sécurité (lutte des services de renseignement, propagande...) ou de politique locale (jumelages, perceptions réciproques...). Parallèlement, de multiples parcours individuels sont retracés afin d’incarner la relation bilatérale et de la suivre au plus près des réalités vécues.