1973, l’« Année de l’Europe ». 1983, l’« Année des euromissiles ». Les deux dates délimitent une décennie cruciale pour l’Alliance atlantique. En 1973, elle tente de s’adapter aux changements profonds intervenus depuis sa création. Mais doit-elle le taire selon la vision de Henry Kissinger ou celle de Michel Jobert ? Le débat est à peine entamé que le premier « choc » pétrolier détourne les démocraties vers d’autres priorités. Renforcée par l’esquisse d’une coopération trilatérale, leur solidarité n’en est pas moins ébranlée par le retour des problèmes militaires et par leurs divergences sur la détente. Aussi, loin de les rapprocher, l’invasion de l’Afghanistan tend-elle plutôt à les diviser. En 1983, les grandes querelles se sont un peu apaisées et les Pershing-II et les missiles de croisière américaine ont pu être déployés. Mais rien n’est vraiment réglé. Et l’histoire de l’Occident est encore dominée par toutes sortes d’incertitudes (sur le leadership d’une Amérique en déclin relatif, sur la place de l’Allemagne, sur la stratégie atomique) apparues ou renforcées au cours de ces dix années. Fondé sur le dépouillement des principales sources disponibles et sur plusieurs dizaines d’interviews (dont une grande partie réalisée lors d’un séjour, en juillet 1983, au Wilson Center de Washington), cet ouvrage recourt à une approche historique pour éclairer l’actualité.